Utiliser la nature de façon durable pour gérer les risques naturels (inondations, chutes de blocs, avalanches…) en intégrant le changement climatique, tel est l’objectif du projet collaboratif européen PHUSICOS avec des « solutions fondées sur la nature » (angl. « nature-based solutions »). Dans le cadre de ce projet, la PME néo-aquitaine « Risques & Développement » et les 16 autres partenaires, tendent à démontrer que les solutions fondées sur la nature (NbS) constituent des mesures robustes, durables et rentables pour réduire les risques naturels, en complément ou en substitution des solutions techniques classiques dites « grises », basées sur de l’ingénierie à base de béton. Les Pyrénées constituent un site d’expérimentation majeur du projet. « Risques & Développement » est une PME innovante basée à Pau (64). Fondée en 2009 par M. Eric LEROI, ancien directeur des risques au BRGM, la société a diversifié ses activités de base sur l’évaluation et la gestion des risques, avec un fort développement à l’international, notamment dans les « Petits Etats Insulaires » et dans les pays en voie de développement. Ainsi, au-delà de l’Europe, « Risques & Développement » a conduit des projets dans l’océan indien et en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire à plusieurs reprises. Société innovante, elle a développé une plateforme intégrée de gestion des risques, plateforme QRISKA (pour Quantitative Risk Assessment), comportant des modules de cartographie, d’alerte en temps réel et de modélisation quantitative des risques. L’originalité et la flexibilité de son module d’alerte Bottom-Up lui permettent d’envisager des applications dans de très nombreux domaines liés à la sécurité des personnes, au suivi des grands chantiers, à la maintenance urbaine, à l’assistance et au dépannage des personnes dans le monde, et à bien d’autres domaines pour lesquels il est important de pouvoir disposer d’une information géolocalisée en temps réel.

La PME paloise met à disposition son expertise et son savoir-faire pour contribuer à l’avancement du projet PHUSICOS tout au long des cinq années de durée de projet.

Eric LEROI, président de Risques & Développement témoigne sur sa participation à ce projet européen.

Vous avez environ trente années d’expérience dans le domaine des projets européens, d’où vient cette appétence pour l’Europe et l’international ?

Notre appétence pour les projets européens a plusieurs raisons. La première concerne l’apport des projets européens à Risques & Développement : la participation à ces projets nous permet de rester en contact avec le monde de la recherche et d’être ainsi à la pointe des évolutions scientifiques. L’innovation est en effet au cœur de notre société depuis sa création. L’Europe nous permet de mieux accompagner notre innovation interne, notamment en collaborant avec d’autres structures européennes de haut niveau. La seconde raison concerne l’apport de Risques & Développement aux projets européens : les résultats de la recherche doivent être valorisés dans la vie de tous les jours des populations, pour réduire les risques et améliorer leur qualité de vie. La présence d’acteurs entrepreneuriaux au sein de ces projets est très importante car ils représentent ce moyen de transmission et de validation indispensable des acquis de la recherche vers les décideurs et les citoyens. C’est dans cette finalité que les porteurs de projets européens, et au-delà les scientifiques internationaux, viennent chercher notre expertise afin de l’intégrer pour les uns dans les projets collaboratifs, et pour les autres dans des groupes de travail internationaux pour la mise en place des cadres d’action sous l’égide des Nations-Unies.

En quoi PHUSICOS s’inscrit dans la stratégie de votre entreprise ? Comment avez-vous pu rejoindre ce projet collaboratif ?

Le sujet de PHUSICOS traite de la réduction des Risques Naturels et s’inscrit par essence dans les axes stratégiques de développement pour notre société. Le taux de succès des projets européens est très faible ; il se situe à environ 10%. Il est nécessaire de multiplier les propositions à projets pour avoir des chances d’être retenu. Le montage de ces dernières est très chronophage et donc coûteux ; les donneurs d’ordre européens n’ont pas nécessairement pleinement conscience de l’investissement que cela représente pour les PME, d’autant que contrairement aux organismes publics de recherche, l’Europe ne finance pas toujours à 100% les PME. Souvent, elles doivent apporter des fonds propres à hauteur de 30%. L’expérience et la notoriété sont des atouts indispensables pour les PME, afin d’être sollicitées par un consortium de recherche. C’est encore une fois une opportunité bénéfique pour les PME, et cela permet d’acquérir de la visibilité. Mon appartenance au Comité technique international sur les mouvements de terrains est à cet égard un vecteur de notoriété qui favorise notre intégration dans des projets européens tels que PHUSICOS.

Ayant été expert auprès de l’Europe pour l’analyse des projets européens, avez-vous pu constater une évolution de ceux-ci ? Quel est votre positionnement vis-à-vis d’Horizon Europe ?

Les consortia sont de plus en plus gros, ce qui ne favorise pas le travail opérationnel en commun. Les opportunités d’échange et de travail collaboratif sont moins importantes qu’elles ne l’étaient avec des équipes plus petites, et la pandémie de Covid a malheureusement renforcé cet aspect. Si le fonctionnement est devenu assez lourd, il faut en revanche souligner les réels efforts que l’Europe a fait sur la simplification administrative et le suivi des projets. Ainsi, quasiment toutes les procédures sont désormais dématérialisées, depuis la phase de candidature et de gestion des projets, jusqu’à la remise des livrables. Aujourd’hui, les appels à projets sont par ailleurs très marketés, ce qui aide à mieux se positionner dans les choix des projets et des équipes. Pour ce qui concerne Horizon Europe, nous ne nous sommes pas encore positionnés sur des appels précis.

Comment allez-vous capitaliser sur les résultats de PHUSICOS ?

Notre objectif principal est de valoriser les résultats vers les pays et les populations qui en ont le plus besoin, et notamment les pays en voie de développement qui n’ont pas la chance de pouvoir bénéficier d’un cadre de recherche et de développement tel que celui fourni par l’Europe. C’est une responsabilité que nous, organismes publics et sociétés privées européennes, avons à l’égard des pays en voie de développement, beaucoup plus durement impactés par les risques naturels. Les transferts de résultats et de compétences vers ces pays sont non seulement une nécessité dans un monde globalisé, pour offrir un développement durable et sécurisé, mais c’est également une opportunité pour se positionner et ouvrir des marchés. C’est la stratégie suivie par Risques & Développement pour développer son activité à l’international.

Pour en savoir plus : https://phusicos.eu/

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