1- Sew & Laine, un tiers lieu engagé pour une industrie textile innovante et moins polluante.


La Communauté des Ambassadeurs de l’Innovation s’est réunie ce mardi 14 mai 2019 chez SEW & LAINE, tiers-lieu dédié au textile & numérique.

SEW & Laine en quelques mots :
« Portée depuis ses débuts par une approche éco-responsable de la filière, Sew&Laine imagine le textile de demain, en prônant l’innovation technologique et sociale, l’intelligence collective, la créativité et le recyclage. Avec le textile comme lien, elle propose de repenser notre rapport à la 2e industrie la plus polluante du monde, et au phénomène de fast-fashion. En amont de la filière, son pôle Textile Lab réfléchit à l’offre et s’engage auprès d’entrepreneurs dans des démarches de formation, d‘accompagnement, de conseil et de mise en relation. Ainsi, Sew & Laine agit à partir du monde tel qu’il est. Elle s’autorise l’hybridité pour mieux accompagner un changement. »

Juliette Giraud, Responsable innovation

2- L’innovation au service de la transition écologique

Anne-Laure Bedu, Conseillère régionale déléguée à l’Innovation, à l’Accélération et au Transfert de technologies, et Luc Paboeuf, co-porteur de la Chaire Crisalidh Innovation sociale & territoires, ont introduit cette journée, en rappelant que l’innovation n’a de sens que si elle reste au service du progrès pour l’humain et le vivant. L’innovation est au coeur de la transition énergétique, pour autant il faut davantage orienter les projets pour qu’ils respectent les équilibres des milieux et ainsi contribuer au maintien de la biodiversité.

3- Les Echos des territoires

Un moment privilégié pour les Ambassadeurs de l’Innovation pour jouer leur rôle de veilleur de territoire et partager actualités, évènements et faits marquants dans le domaine de l’innovation.

  • François-Xavier LeuretSOLIHA : Point d’étape sur le projet Eaux Vives qui traite de la vulnérabilité des territoires face aux risques de submersibilité des eaux. Ce projet répond aujourd’hui à un appel d’offres lancé par le Syndicat Mixte pour le Développement Durable de l’estuaire de la Gironde !

Témoignage :
« Dans le cadre du projet Eaux vives, qui vise à apporter des lectures de territoires et des solutions d’opérationnalité sur les risques en eaux des territoires et la maitrise des consommations d’eaux potables, les workshops des ambassadeurs ont été d’un apport essentiel. Ils ont permis la confrontation d’une intuition avec l’état de la connaissance et des services déjà offerts par des entreprises sur le sujet. Ils ont permis également la mise en relation avec des compétences complémentaires. Ainsi, sur la question de la mesure du risque d’inondations sur de grands territoires, une offre de services a pu être constituée entre des spécialistes de la photo aérienne de basse altitude et des pilotes de drones. Cette approche nous a permis de diviser par 3 le coût d’une mesure de territoire !
Par ailleurs, je trouve que la rencontre de personnes d’horizons divers est source d’enrichissement car elle permet de créer des cercles de réflexion et d’actions entre des communautés scientifiques, industrielles et des communautés d’opérateurs. En ce sens, cette initiative contribue à « faire région » sur le territoire de la Nouvelle Aquitaine.« 

  • Jean-Louis Blouin – Talents & culture : Retour sur l’évènement TOPIC dédié aux méthodologies d’intelligence collective du 14 mars dernier. Une nouvelle édition est en préparation pour 2020. Ce projet se poursuit par la déclinaison de 3 thématiques (dynamiques territoriales, management, …) et une volonté d’apporter son appui aux projets qui ont besoin d’accélération.
  • Guillaume CatriceDiGiTWiST : en Haute-Gironde, développement d’un éco-parc et d’un outil de démocratie participative qui prend en compte innovation sociale et bien être : « Récolte d’idées pour le territoire ! Concertation pour le Schéma de Cohérence Territoriale »
  • Nicolas RousselWobility : Création d’une nouvelle application fonctionnelle sur le bassin d’Arcachon ; l’application mobile « Entre Voisins », développée par Wobility est un réseau social pour échanges de services.
  • Sabine BrandesBA2E : Présence d’un stand BA2E au salon nautique d’Arcachon où 10 entreprises de la filière nautique et navale ont présenté leurs innovations. Deux nouveaux espaces de co-working ont été créés cette année sur le territoire.
  • Jean-Marc NeveuCDA Développement : fin de la phase opérationnelle du projet Plastile qui consiste à créer des objets plastiques avec des fibres textiles recyclées ; validation de la faisabilité sur le comment réutiliser les tonnes de textile ; exposition à Dusseldorf; annonce du workshop ambassadeurs #10 « Art et entreprises » le 17 septembre à Châtellerault.
  • Anne CassagnabèreACTES ELISE Atlantique : Présentation d’un nouveau projet d’expérimentation en vue de la nouvelle réglementation de 2023 en collaboration avec les Détritivores avec un mode de collecte adaptée aux biodéchets auprès des usagers de 4 quartiers de Bordeaux Métropole et à la clé la création d’emplois solidaires…
  • Jean-Sébastien PIETMSI-SCOP : entreprise située à Parthenay, sous-traitante en mécano soudure et adhérente du cluster de la mécanique. Il porte notamment un projet de R&D sociale en partenariat avec Ellyx sur le thème « Quelles solutions pour que le statut de SCOP se développe dans l’industrie ? »
  • Joye FEURAYFeuray & Associés : un projet d’expérimentation est en cours en coopération avec Legrand pour attirer de nouveaux talents sur les territoires. Il s’agit de développer des fiches d’attractivité orientées sur les compétences et le projet de vie du candidat. Un travail de fond est en cours pour élargir la vision de recrutement.
  • Jean-François LétardOliKrom : il vient de rejoindre la Communauté des Ambassadeurs de l’Innovation. Cette société innovante développe des pigments de couleur au service de la maintenance industrielle et de la sécurité routière urbaine. Demain, pour gagner en énergie, une maison pourra changer de couleur mais la question reste posée : est ce que les gens sont prêts ?
  • Hervé TurpinCCI Pau Béarn : une Etape De l’Innovation régionale sur la thématique « Innovation & Sport » est en cours de préparation le 5 décembre à Pau avec le collectif des ambassadeurs du Béarn.
    L’entreprise MLT (Manufacture de layette et tricots) spécialisée dans la fabrication de layette a été inaugurée à Pau en mai.

❖ Zoom sur une nouvelle expérimentation pour la transition énergétique : la collecte de biodéchets dans 4 quartiers de Bordeaux Métropole.
En 2023, le tri et le recyclage des biodéchets seront une obligation. Ils devront être collectés séparément et ne pas être mélangés aux autres types de déchets.
Bordeaux Métropole a souhaité expérimenter dans certains quartiers, la gestion des biodéchets. Elle a fait appel à l’association Les Détritivores pour gérer ce projet. L’association a déjà mis en place un service de compostage de proximité pour les restaurateurs de Bordeaux.

4 quartiers représentatifs des typologies d’habitats et d’habitants de l’agglomération ont été sélectionnés. La densité de population y est différente ainsi que le type d’habitat. Les volumes de déchets et les circuits de collecte font aussi partie des paramètres qui vont permettre de valider les dispositifs qui seront mis en place.

Une application mobile « Toc Toc Compost » va permettre la géolocalisation de points de collecte chez les particuliers qui souhaitent mutualiser leur composteur. La cible comprend volontaires et non volontaires chez un panel de 50 foyers par quartiers. L’expérimentation va démarrer en septembre 2019.

Retour sur l’apport de l’atelier :
« Le vrai plus de cet atelier, c’était la prise de recul immédiate qu’impose le partage avec des personnes qui n’ont absolument pas connaissance de notre projet, de son historique ou même de notre domaine d’activité. Cela a permis d’avoir un regard extérieur et totalement nouveau sur notre plan d’actions. Nous avons pu identifier les premières interrogations qu’il soulevait, l’enthousiasme aussi, le doute parfois mais exprimés à chaque fois de manière constructive et bienveillante. Nous avons pu en ressortir plusieurs nouvelles pistes particulièrement intéressantes à explorer.
Et maintenant ? Nous allons continuer à échanger, partager, enrichir notre projet jusqu’au démarrage en septembre. Nous espérons revenir auprès de la Communauté avec de nouveaux éléments et bénéficier du soutien des ambassadeurs de l’innovation. » Anne Cassagnabère – Elise Atlantique et Lucie Ouvrard – Les Détritivores

❖ Zoom sur le workshop ambassadeur #10 « Art et entreprise » qui se déroulera le 17 septembre dans les locaux de CDA Développement à Châtellerault
Jean-Marc Neveu – gérant de CDA Développement a relevé le défi d’organiser la « Nuit de l’Innovation « , concept proposée par Anne-Laure Bedu lors des premiers workshops de la Communauté des Ambassadeurs en mai 2018. Une ambition : mettre en lumière les liens entre Art & Industrie, dupliquer le concept en Nouvelle-Aquitaine et notamment valoriser les adages suivants :

  • Faire du beau fait du bien / être fier de ce que l’on fait / Le collectif se construit autour de la production / La stimulation des intelligences multiples favorise l’innovation
  • L’art se conjugue au pluriel / Pas un jour sans création …

En bref, l’atelier collaboratif a permis de converger sur une première vision de ce temps festif dont le fil rouge sera : « L’art pour sauver l’industrie !» avec pour intervenants : des artistes, des artisans, entrepreneurs et des salariés.
Celui devrait s’organiser autour de témoignages, d’ateliers collaboratifs et créatifs (totem Innov, Plas’Tile, design, culinaire …), d’une visite de l’usine CDA Développement et d’une exposition et de moments de networking.

4- Intervention de Guy Hascoët, consultant formateur en développement durable auprès des entreprises : quels dispositifs innovants au service de la transition énergétique ?

État des lieux de notre société face à la transition énergétique
Points de repère :

  • 40 ans d’investissement dans les thèmes écologiques avec le constat d’un basculement depuis quelques temps.
  • Avant 70 : c’est la période de production de nos réseaux. La question de leur efficacité n’est alors pas posée.
  • Aujourd’hui, nous sommes désormais confrontés à un renversement de prisme : l’enjeu n’est plus de produire les réseaux, mais de rendre tous les systèmes plus performants.

La question de la production ne fait plus débat. Quand bien même on le voudrait politiquement et on le pourrait techniquement, nous n’avons plus les moyens de produire une énergie dont on n’aurait pas besoin. Aussi devons-nous organiser la baisse de la demande.

Le système d’avant hérité de Colbert et Vauban (centralisée et descendant) n’est plus d’actualité. Désormais la synergie des acteurs est essentielle !
Pour que la société adhère à de nouveaux principes de consommation, il faut impliquer ses membres. Ceux-ci doivent participer aux prises de décisions qui vont régir un nouvel avenir.

A Figeac, sous l’impulsion de la puissance publique, des moyens de production d’énergie ont été mis en place en associant la population, en créant des collectifs impliqués dans ces différents dispositifs.

Les entreprises n’ont pas le temps de mettre en oeuvre les changements dans leur processus de production, il faut faire intervenir des prestataires pour intégrer de nouvelles solutions.

Les Ressources : Elles sont multiples (eau, vent, soleil, bois…) … La biomasse est notamment une filière d’avenir pour la production d’énergie. Il faut gérer trois phases : l’approvisionnement, la transformation qualitative et la livraison.

« 40 ans de productivisme ne peuvent être assumés en 1 génération, ni être pris en charge financièrement. La transition est un enjeu de long terme ». Guy Hascoët

Dans le même temps, il faut aussi avoir à l’esprit qu’il n’y a pas de transition sans grande industrie ; il nous faut donc mobiliser ce qu’il y a de meilleur dans l’industrie. La mise en oeuvre peut se traduire par des formes d’initiatives très diverses.
Par exemple, en Suisse, une ville a pris l’initiative de louer des toits à des particuliers qui disposaient de ces surfaces mais n’étaient pas désireux de les équiper en photovoltaïque. La ville met ces toits à dispositions d’acteurs qui cherchent des surfaces disponibles pour investir dans le photovoltaïque et qui en gèrent les équipements.

On a aussi un problème de traitement de l’héritage des bâtiments : pour le traiter, on a besoin de trouver des gens capables de gérer le diagnostic énergétique d’un bâtiment et sa transition. Nous avons besoin pour cela de nouvelles compétences et de nouvelles offres de service. Par exemple, un directeur d’une grande enseigne de bricolage était disposé à engager la réflexion pour optimiser la performance énergétique de ses magasins à condition de pouvoir mobiliser une compétence externe qui allait assurer toute la prestation.

Concernant la production, il faut là aussi des compétences nouvelles d’autant plus diverses que la ressource est multiple. On a là des enjeux d’ingénierie de filière (par ex. pour la biomasse), d’accès au financement, etc. La bonne nouvelle c’est que les solutions énergétiques vont venir d’en bas, mais il faut organiser la fourniture et le réseau en tenant compte que l’énergie va être produite localement.

S’agit-il d’un problème de financement ou d’orientation des financements ?
Il faut organiser la consommation d’énergie. Les villes, à priori et sous réserve qu’elles utilisent leurs potentiels, vont produire beaucoup d’énergie : celle produite en ville devra être consommée en ville quant au surplus, celui-ci devra être évacué. Quelle forme de stockage au quotidien ? De distribution ? Qui va rendre ces services ? Il faut organiser et structurer le territoire, c’est le défi de la puissance publique.

Dans cette structuration des territoires, la puissance publique doit absorber les surcoûts de la transition énergétique et installer les nouvelles filières avec une réflexion sur l’emploi local.
« Le territoire de demain n’est pas descendant mais horizontal et participatif en sachant que les process seront nécessairement industriels pour faire vivre la transition. »

Anne-Laure Bedu précise que des cabinets (comme Utopies par exemple) peuvent calculer les flux entrants et sortant d’un territoire. Elle ajoute qu’il faut arrêter de raisonner en termes de gain sectoriel, et qu’une des solutions réside dans le concept de création de « valeur partagée ».
Enfin, pour être comprises et donc acceptables, il faut que les décisions soient prises avec les citoyens et ceux qui vont devoir les supporter : construire des arènes de dialogues pour bâtir ces temps de discussions.