PoietisLa bio-impression 4D (structuration spatiale de cellules vivantes et de biomatériaux) est une technologie récente et croissante qui intègre le temps comme quatrième dimension de l’impression 3D. Ainsi, les objets vivants imprimés évoluent et s’adaptent dans le temps pendant leur maturation vers des tissus biologiques fonctionnels. L’un des leaders mondiaux sur le marché de la bio-impression 4D est l’entreprise néo-aquitaine Poietis. Fondée en 2014 en tant que spin-off de l’INSERM, la jeune entreprise innovante a connu une croissance importante dans les sept dernières années. Dans ce contexte, Poietis développe des modèles physiologiques, notamment en partenariat avec les principaux groupes pharmaceutiques et cosmétiques mondiaux (BASF, L’Oréal…). L’expertise de l’entreprise réside notamment dans son savoir-faire exceptionnel dans le domaine de la bio-impression laser de haute résolution et sa plateforme NGB « Next Generation Bioprinting ». Actuellement, Poietis a cinq projets européens en cours, dont le projet « JOINTPROMISE ».

Joint Promise« JOINTPROMISE » est un projet collaboratif européen qui s’intéresse à l’ostéoarthrite, une maladie touchant environ 25% de la population adulte dans le monde. Le projet a vocation de frayer le chemin vers une production en grande quantité et à un prix abordable d’articulations biologiques entières et ainsi de répondre à un défi socio-économique majeur de la société européenne vieillissante.

Bertrand VIELLEROBE, Directeur Innovation chez Poietis, répond à nos questions.

A propos de Poietis, le magazine « Technologies & Industries » a récemment écrit que les laboratoires de recherche sont de véritables tremplins pour les start-up deeptech. Est-ce qu’ils sont également un tremplin pour les projets européens ?

Poietis est effectivement issue de l’INSERM (Bordeaux) et son Président, Fabien Guillemot est un ancien chercheur de ce même Institut. Évidemment, le travail dans un laboratoire de recherche est générateur d’un grand réseau de contacts partout en Europe. Les conférences, colloques, réunions de travail… scientifiques sont des occasions de brassage d’idées et d’échanges. Cette base préexistante a été très utile pour nous, car elle nous fait bénéficier de ce maillage de contacts à l’étranger. Aujourd’hui Poietis a plusieurs projets collaboratifs européens en cours et il est vrai que pour certains ce réseau historique a clairement joué.

Vous avez de nombreux partenariats avec des grands groupes. Est-ce que c’est un avantage pour être sollicité afin de participer à des projets européens ?

Pour Poietis, il n’y a pas eu de lien direct entre la collaboration avec les grands groupes et la participation à des projets européens. En effet, nos interactions avec les grands groupes se concentrent surtout sur de la recherche et développement sous contrat, pour différentes applications (foie, peau, cheveux…). Néanmoins, la crédibilité qu’on gagne grâce à ces engagements, aide effectivement à être visible et reconnu sur la scène européenne de la bio-impression. Cette légitimité a permis également que nous soyons sollicités et embarqués dans certains projets européens. Il y a donc une corrélation indirecte entre les projets européens et le travail avec les grands groupes. Les premiers couvrent surtout les frais de projets de R&D de basse maturité et les contrats avec les grands groupes ceux qui sont de maturité un peu plus élevée sur l’échelle TRL. Par conséquent, le recours à l’un ou à l’autre est tout à fait complémentaire au sein de Poietis.

Dans quelle mesure le projet JOINTPROMISE va développer, voire révolutionner la prévention de l’ostéoarthrite touchant 25% de la population adulte dans le monde ?

Il y a plusieurs approches en ce qui concerne la prévention et le traitement de cette maladie très répandue, notamment par le biais d’implants inertes. Poietis propose un remplacement du cartilage par des matériaux entièrement biologiques qui apportera deux bénéfices principaux. Premièrement, Poietis entend répondre à l’ostéoarthrite par une solution vivante en créant des tissus à partir de prélèvements de cellules dérivées de cellules souches pluripotentes induites, voire de cellules provenant du patient lui-même. Cela contribuera à la régénération de la lésion du patient de façon pérenne et efficace d’un point de vue médical. Le deuxième avantage consistera dans le même temps à minimiser voire éviter toute médication pour la gestion des rejets classiquement appliquée dans le cas d’une greffe.

Quel impact en termes de développement aura JOINTPROMISE pour Poietis ?

Tout d’abord, Poietis va mettre au point une solution optimisée pour bio-imprimer ce cartilage dans le cadre du projet JOINTPROMISE. Par la suite, Poietis a l’intention de développer une gamme complète de produits (bio-imprimante, consommables, suite logicielle…) permettant la production de ce cartilage comme un MTI (Médicament de Thérapie Innovante) grâce à la « recette » mise au point dans le projet. Ainsi, Poietis pourra prospecter directement les hôpitaux ou des CRO (Contract Research Organizations) qui seront les clients directs naturels de cette solution. En résumé, le projet devrait permettre d’ouvrir un nouveau domaine applicatif et donc un nouveau et vaste marché pour Poietis, en amenant aux cliniciens de nouvelles solutions thérapeutiques pour les patients atteints de problèmes ostéoarticulaires.

Pour en savoir plus : https://poietis.com/partnership-references/

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