Bordeaux Métropole compte 28 communes et 801 041 habitants. La superficie du territoire s’élève à 58 000 hectares, dont 50% d’espaces naturels et agricoles. Le 21e siècle, marqué par le changement climatique et les efforts communs pour s’y adapter, réserve de véritables défis pour Bordeaux Métropole en matière de systèmes alimentaires durables, de transports moins polluants et d’économie circulaire.

Food Trails

Depuis plusieurs années, Bordeaux Métropole fait partie de réseaux régionaux, nationaux et internationaux. Elle participe notamment aux travaux du groupe « Food » d’Eurocities. C’est dans ce contexte que Bordeaux Métropole a rejoint le consortium coordonné par Milan en 2020 pour le projet FOOD TRAILS « Building pathways towards FOOD 2030-led urban food policies ». Durant quatre années, les 19 partenaires – 11 villes européennes, des universités et des associations -, travailleront de concert dans le but de transformer les systèmes alimentaires urbains et de les rendre plus durables. Un des objectifs est d’assurer à tous les citoyens de l’Union européenne un accès à des aliments sains et abordables.

Mickaëlle Vergnaud, Morgane Scouarnec et Cécile Kessler, toutes travaillant à Bordeaux Métropole, ont accepté de partager leur expérience sur ce projet.

Quelle est votre vision des systèmes alimentaires urbains durables et pourquoi pensez-vous qu’un projet européen puisse aider à la concrétiser ?

Pour construire une politique alimentaire, il est nécessaire d’avoir une vision globale de cette thématique qui va du foncier jusqu’à la gestion des déchets. En 2015, Bordeaux Métropole a signé le Pacte de politique alimentaire urbaine de Milan. Cette charte d’engagement précise le rôle des villes dans la gouvernance alimentaire urbaine et dessine des pistes d’action. Grâce à l’adhésion au réseau européen Eurocities, notamment à son groupe de travail « Food », nous avons été identifiées comme partie prenante dans ce domaine et avons pu être intégrées dans le projet FOOD TRAILS. Les autres villes ont des priorités semblables aux nôtres, ce qui fait de ce projet européen un cadre tout à fait approprié pour avancer de concert sur ces sujets.

Les onze villes partenaires revêtent des différences, notamment en matière de contraintes et d’opportunités de l’écosystème qui les entoure. Quelles sont les problématiques et solutions communes aux villes et comment gérez-vous cette diversité au sein du projet ?

Mis à part les écosystèmes d’acteurs, le cadre réglementaire et les compétences, qui peuvent varier selon les pays, toutes les villes ont des enjeux similaires en matière d’alimentation durable. La diversité des villes participantes au projet et leurs modèles de développement permettent justement de trouver des solutions à des problématiques communes : introduction de produits locaux et de qualité dans la restauration collective, protection des terres cultivables, lien avec les territoires périurbains, etc. Au sein du projet, grâce aux échanges permanents, nous tentons d’identifier des méthodologies et des actions qui soient réplicables dans d’autre villes. Par exemple, développer l’agriculture urbaine peut être une des clefs pour permettre aux citadins de se reconnecter avec le monde agricole. En revanche, créer des villes indépendantes des territoires ruraux en matière d’alimentation n’est pas possible et n’est pas notre objectif.

Comment le projet FOOD TRAILS contribuera-t-il à rendre les villes plus durables ? Pourriez-vous illustrer ceci à travers l’exemple de Bordeaux Métropole ?

Le sujet du projet est tout à fait passionnant, parce qu’il permet de tirer énormément de ficelles : économiques, sociales, environnementales, etc. Tous ces thèmes peuvent être liés à l’alimentation. L’objectif du projet FOOD TRAILS est de rendre les villes plus durables, grâce à la création de « living labs », sortes de laboratoires vivants regroupant les acteurs locaux de l’alimentation, et de politiques alimentaires dans chaque ville partenaire. A Bordeaux Métropole, le Conseil consultatif de gouvernance alimentaire durable créé en 2017 sera ce « living lab » et une stratégie de résilience agricole et alimentaire est en cours d’élaboration. L’enjeu pour Bordeaux Métropole sera de construire une stratégie cohérente et opérationnelle en partenariat avec les communes qui la composent, les acteurs institutionnels et les acteurs agricoles et alimentaires présents sur son territoire.

Par quels moyens les partenaires universitaires et associatifs contribuent-t-ils à l’avancement du projet ?

Les partenaires universitaires et associatifs au sein de FOOD TRAILS apportent une expertise technique, scientifique et de terrain au cours des différentes étapes du projet. Dans le quotidien de la gestion d’une ville, les liens avec la recherche universitaire ne sont a priori pas si évidents que ça. Ce projet européen est un cadre parfait pour les développer et les légitimer. Les travaux des différents partenaires nous permettent de croiser les regards et d’avoir une vision systémique des enjeux liés à l’alimentation, en vue de construire des politiques alimentaires urbaines plus efficaces.

Pour en savoir plus : https://eurocities.eu/projects/food-trails/

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